Agissons, maintenant et pour le futur!

Publié le :

26 mai 2020

Publié dans :

COVID-19

Une lettre de Jim Cornelius, directeur général de la Banque canadienne de grains, et de Jean-Philippe Marcoux, directeur général de SOCODEVI.  

 

La pandémie de COVID-19 s’est propagée aux quatre coins du globe, entraînant la perte de vies et de moyens de subsistance. Nous avons tous ressenti son impact.

 

Cette crise sanitaire commence déjà à entraîner des millions de personnes vulnérables dans une crise alimentaire et même dans la famine, ce qui nous éloigne encore plus de l’objectif mondial d’éliminer la faim d’ici 2030. Le Canada devrait réagir promptement à l’actuelle crise humanitaire mondiale, avec une assistance immédiate et l’appui à des projets de développement permettant d’accroître la résilience des familles et des systèmes alimentaires.

 

Au Canada, des millions de personnes ont perdu leur emploi ou ont vu leurs revenus diminuer. Les banques alimentaires voient la demande pour leurs services augmenter. Même avec notre système alimentaire performant, nous vivons les effets des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.

 

À l’échelle mondiale, l’impact est encore plus important, car environ 135 millions de personnes étaient déjà confrontées à des niveaux alarmant d’insécurité alimentaire avant la pandémie.

 

Malheureusement, 2020 pourrait connaitre la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies estime que le nombre de personnes confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire doublera d’ici la fin de l’année en raison des impacts de la COVID-19.

 

Ce sont les personnes qui sont déjà vulnérables – les femmes et les enfants, les réfugiés et les personnes déplacées, les travailleurs qui dépendent du salaire journalier pour mettre de la nourriture sur la table, les personnes âgées, les personnes handicapées et les communautés autochtones- qui sont poussés davantage vers la faim.

 

Le Canada a déjà pris d’importantes premières mesures pour réagir à l’échelle mondiale, notamment en veillant à ce que les programmes humanitaires essentiels ne soient pas interrompus et en fournissant 160 millions de dollars supplémentaires, principalement aux institutions internationales, pour des réponses humanitaires urgentes.

 

Nous devrons toutefois en faire beaucoup plus -en coordination avec d’autres pays donateurs-pour enrayer la faim à court et à long termes dans le monde.

 

Le coronavirus et l’instabilité qu’il crée ne connaissent pas de frontières. Protéger les personnes les plus vulnérables du monde contribuera à protéger la santé, la prospérité et la stabilité de nous tous.

 

Cette crise alimentaire imminente est particulièrement alarmante pour les femmes et les filles. Elles portent déjà le fardeau de la faim, mangeant souvent moins dans les moments difficiles pour nourrir les autres. Elles constituent la majorité des personnes déplacées et elles font la plupart des travaux ménagers. La COVID-19 alourdira le poids de leurs tâches non rémunérées, car elles devront nourrir leur famille dans des conditions difficiles, tout en leur ajoutant le poids des soins aux proches vulnérables ou malades. De plus, comme on le voit ici au Canada, le stress financier jumelé aux mesures de confinement augmentent la violence basée sur le genre.

 

La réponse du Canada doit faire en sorte que la nourriture parvienne maintenant aux personnes en crise. Cela comprend un soutien accru à l’assistance alimentaire d’urgence et aux filets de sécurité sociale.

 

Le Canada devrait également travailler à protéger et à renforcer les chaînes d’approvisionnement alimentaire, en aidant les ménages à accéder à la nourriture dont ils ont besoin, tout en permettant aux familles agricultrices d’accéder aux intrants, de vendre des aliments essentiels pour nourrir leurs communautés et de gagner leur vie.

 

SOCODEVI et la Banque canadienne de grains font partie des nombreuses organisations de la société civile canadienne qui répondent déjà aux besoins liés à la sécurité alimentaire durant cette pandémie. La Banque canadienne de grains intensifie la distribution de l’aide alimentaire d’urgence aux réfugiés et aux familles déjà en crise, tout en continuant de soutenir les familles agricultrices dans leurs efforts de sécurité alimentaire à plus long terme.

 

SOCODEVI travaille avec des coopératives et des entreprises associatives pour garantir que les familles agricultrices des pays en développement puissent accéder rapidement aux intrants, aux marchés et aux services financiers afin de sécuriser des revenus stables et décents aujourd’hui et pour l’avenir.

 

 

 

Pour assurer des réponses coordonnées à grande échelle, le Canada devrait travailler avec les organisations de la société civile canadienne qui ont déjà des partenaires locaux dans les pays durement touchés, ainsi qu’avec les agences multilatérales, afin de renforcer les solutions locales.

 

L’aide à la lutte contre la COVID-19 ne devrait pas se faire au détriment des programmes existants, mais plutôt être apportée en complément des engagements actuels.

 

À plus long terme, le Canada devrait également aider à développer des systèmes alimentaires inclusifs et résilients afin que les communautés vulnérables soient beaucoup mieux préparées aux crises futures, qu’il s’agisse d’épidémies, de changements climatiques ou de chocs économiques.

 

Le gouvernement fédéral s’efforce à juste titre de faire en sorte que les Canadiens disposent d’un revenu et de vivres suffisants pour traverser cette crise. Le Canada peut également faire sa part pour que les collectivités vulnérables partout dans le monde puissent survivre — afin que nous puissions tous prospérer dans les années à venir.