La coopération internationale comporte son lot de défis. De questionnements. Mais aussi, son lot de satisfactions. André Noël, ancien directeur général de la Fédération des coopératives d’habitation de Montréal et consultant pour la Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH), a terminé ce qu’il dit avoir été son dernier de huit mandats au Sénégal à titre de conseiller volontaire en gestion des coopératives d’habitat dans le cadre des activités d’appui menées par SOCODEVI, dont le CQCH est membre.
«Petit à petit, on apprend à être un peu plus humble. Mon approche, au départ, était très maladroite, dit-il, en expliquant que le partenaire local a toujours une connaissance immense et complexe du « comment ça marche ». « Il y a tellement de choses qu’on ne connaît pas en arrivant! »
Après avoir dédié sa carrière à l’habitat coopératif, André Noël a tenté de partager ses acquis avec l’Union régionale des coopératives de construction et d’habitat de Thiès (URCCHT). Il s’agit d’un partenaire de longue date de SOCODEVI qui regroupe une soixantaine de coopératives et quelque 5 000 membres. Dans le cadre de l’actuel projet PROCED financé par le Canada, les efforts de SOCODEVI et de l’URCCHT visent à faciliter l’accès à un habitat décent et abordable pour les membres et les générations à venir en visant d’abord une gouvernance démocratique et inclusive ainsi que la rentabilité de cette entreprise collective.
Selon lui, être branché sur la réalité du partenaire quand on veut vraiment l’aider est une condition sine qua non pour le succès d’une intervention. « Il faut que ça reste leur projet. »
Lors de son dernier mandat de trois mois en 2022, il a aidé à établir des outils de gestion, à réviser des plans d’affaires en fonction des nouvelles données et à rencontrer des partenaires de l’Union. Son plus grand défi a été personnel : mesurer la portée de son impact et se demander si son intervention est adéquate, une réflexion que les équipes de SOCODEVI se font aussi constamment. Ce qu’il rapporte au Québec, « ce n’est pas une statuette ni un souvenir ; c’est du vécu. » Ce qu’il lègue, après environ un an de travail cumulé au Sénégal, c’est sa contribution à la gestion interne de l’Union. Un effort de groupe, dit-il, autant de la part de l’équipe de SOCODEVI que celle de l’URCCHT.
« Moi, j’aime les gens qui s’autoorganisent et qui mettent en œuvre des projets qu’ils ont développés. Ça me passionne de les suivre et je me suis attaché, car c’est presque le même groupe de gens depuis 14 ans ! Mais la coopérative s’est beaucoup structurée en cours de route ».
Le luxe de voir le projet évoluer dans le temps
La première fois qu’il a rencontré le groupe de membres fondateurs de l’URCCT en 2008, ces femmes et ces hommes menaient des plaidoiries auprès de l’État pour qu’on leur cède des terrains aux mêmes conditions que celles du logement social, explique André Noël. « On tentait de faire en sorte que l’État remplisse sa promesse, ce qui a pris des années avant de se concrétiser ».
C’était un secteur semi-désertique de Thiès, dans le centre du pays, où il y a aujourd’hui des routes, des canalisations, de l’éclairage, etc.
« J’ai vu l’évolution extraordinaire d’un groupe de pression, à l’origine, à un groupe d’entrepreneurs. J’ai vu aussi le cheminement d’une équipe de bénévoles à une organisation structurée avec une direction générale, un siège social et des employés professionnels. »
« C’est en grande partie grâce à son appui que l’Union est passée de coopérative d’habitation à coopérative de construction et qu’elle détient maintenant une fabrique de briques en terre compressée (BTC) fonctionnelle », explique Frédérique Thomas, directrice de SOCODEVI au Sénégal.
L’URCCHT tient à remercier ce « pionnier » du partenariat entre elle et SOCODEVI aussi qualifié de personne généreuse dans l’effort et consciente des enjeux qui gravitent autour de la coopérative. « André Noël est une chance et une fierté pour l’URRCHT ». SOCODEVI et l’URCCHT le remercient sincèrement pour son engagement, son temps et son accompagnement indéfectible.