En novembre 2024, SOCODEVI, représentée par ses observatrices Renée Brunelle, conseillère experte en environnement, et Andrée-Anne Côté-St-Laurent, conseillère en politique et plaidoyer, s’est rendue dans la capitale de l’Azerbaïdjan, Bakou, pour la 29e COP sur le climat.
Les Conférences des Parties (COP) sont des événements internationaux cruciaux pour discuter de l’avenir de notre planète. Ces rendez-vous regroupent gouvernements, société civile, entreprises et experts-es afin de coordonner les efforts pour lutter contre les changements climatiques.
Vue d’ici, il peut être fastidieux de s’imaginer le mécanisme de ces conférences, notamment celle sur le climat qui revient chaque année. On vous présente donc cinq explications essentielles pour mieux comprendre ce type d’événement.
1. Pourquoi aller à la COP?
Les conférences des parties (COP) sur le climat ne sont pas exclusivement réservées aux gouvernements. Elles rassemblent également la société civile, des ONG, des lobbyistes – y compris ceux des industries fossiles, qui représentaient 1 700 participants sur environ 56 000 à la COP29 – ainsi que des scientifiques. Cette diversité d’acteurs génère une dynamique unique, offrant à des organisations comme SOCODEVI une plateforme pour influencer les discussions mondiales. Dans le cadre de la 29e COP, axée cette année sur la finance climatique mondiale, cela représente une occasion cruciale de plaider en faveur d’un financement climatique équitable, inclusif et sensible aux questions de genre.
Pour SOCODEVI, la COP29 a été une occasion de mettre en avant des solutions coopératives pour relever efficacement les défis des changements climatiques, qu’il s’agisse d’atténuation, d’adaptation ou de rétablissement après les chocs. Elle a également permis d’amplifier, auprès des pays du Nord – y compris le Canada –, les messages des communautés les plus touchées par ces enjeux, tout en renforçant les alliances avec des partenaires clés.
2. Quelle est la contribution de SOCODEVI à la COP29?
En participant activement aux discussions, SOCODEVI a fait mousser l’enthousiasme face au modèle coopératif, tout en mettant en avant des solutions concrètes et adaptées aux besoins locaux.
Voici les quatre événements où nous avons été panélistes :
1. Le leadership climatique et agricole du Canada : enjeux globaux et locaux
19 novembre – Pavillon du Canada
Renée Brunelle a souligné l’importance des approches multisectorielles pour renforcer la résilience climatique, en mettant en avant le rôle des coopératives, l’accès au financement local et l’engagement des femmes et des jeunes. Lors du panel organisé par la Banque canadienne de grain, auquel participaient également des représentants du Programme alimentaire mondial (PAM), du Fonds international de développement agricole (FIDA), de Vision mondiale et d’autres organisations, elle a insisté sur la nécessité de financements à long terme, la préservation de la biodiversité et l’engagement multipartite. Elle a également mis l’accent sur l’importance d’investissements structurants en agriculture, notamment par le biais des coopératives.
2. Développement durable à l’interface climat-nature : nourrir le monde de manière durable
19 novembre – Pavillon de Deloitte et Pavillon du Canada
Aux côtés de Deloitte, Aon, Satelligence et Affaires mondiales Canada, Andrée-Anne Côté-St-Laurent a pris position lors de deux panels (zone verte et zone bleue, en anglais seulement) pour encourager le secteur privé à écouter les agricultrices et les agriculteurs, notamment en les invitant sur des panels, ainsi qu’à financer les innovations déjà existantes. Elle a exploré l’interface climat-nature, la sécurité alimentaire et le modèle coopératif pour l’action climatique et la résilience.
3. Stimuler l’action climatique au niveau communautaire : quels arguments pour faire pencher la balance?
19 novembre – Pavillon de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
Dans le cadre de ce panel organisé par la FAO, Renée Brunelle a mis de l’avant notre méthodologie des Champs-écoles SOCODEVI, nos réussites comme le projet CasaMiel, en Casamance, et formulé des recommandations stratégiques pour une mise à l’échelle des solutions coopératives.
4. Dialogue de Bakou sur la coopération internationale du Québec
16 novembre
Nous avons aussi activement participé au dialogue de Bakou sur la coopération internationale du Québec en présence du ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Québec, Benoît Charrette. Au nom de la société civile québécoise, Andrée-Anne s’est adressée au ministre à plusieurs reprises pour comprendre le plan d’action du gouvernement pour garantir un financement continu des projets du Programme de coopération climatique international (PCCI) du Québec tout en maintenant l’atteinte de la carboneutralité au Québec.
3. Comment fonctionnent les COPs?
Les COPs sont des événements qui regroupent les 197 pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Chaque COP s’articule autour de négociations sur des thèmes variés.
Les discussions se déroulent dans différents espaces :
- Zones officielles (zone bleue) : Pour les négociations formelles entre pays
- Pavillons (zone bleue) : Vitrines pour les pays et organisations, comme celui du Canada, où SOCODEVI a présenté son expertise
- Espaces de la société civile (zone verte) : Où les acteurs non gouvernementaux contribuent aux débats et réseautent
En 2024, il y a eu trois COPs : celle sur le climat (COP29 à Bakou), celle sur la biodiversité (COP16 à Cali, en Colombie) et celle sur la désertification (COP16 à Riyad, en Arabie saoudite). Si on ne représente pas un gouvernement, donc un parti, il faut obtenir un badge d’observateur pour accéder à la zone bleue.
Un peu d’histoire : les racines des COPs
Les COPs s’inscrivent dans l’héritage des trois grandes conventions adoptées lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992 et ratifiées par 197 pays (les Parties) :
- Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) : Cette convention est à l’origine des COPs, elle vise à stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et à prévenir les activités humaines « dangereuses » pour le système climatique est l’objectif ultime. Elle a lieu chaque année.
- Convention sur la biodiversité biologique (CDB) : Cette convention vise à préserver la diversité des écosystèmes et espèces. Elle se tient environ aux deux ans.
- Convention sur la lutte contre la désertification (CNULD) : Cette convention vise à atténuer les effets de la désertification et soutenir les communautés touchées.
Les COPs sur le climat, comme la COP29, s’appuient sur cet élan pour réunir les nations autour de mesures concrètes et pour évaluer les progrès accomplis sur les engagements climatiques. Chaque édition constitue une opportunité pour les Parties de renforcer leurs contributions nationales déterminées (NDC), d’adopter de nouvelles régulations ou initiatives, et de cibler des domaines prioritaires tels que l’énergie propre, la finance climatique, et l’adaptation aux impacts du climat. Les réunions annuelles sont également une plateforme pour relever les défis liés à la mise en œuvre et à la responsabilisation, tout en mobilisant la coopération internationale.
4. Les COPs sont-elles critiquées?
Malgré leur importante capacité de rallier les pays, les COPs sont souvent critiquées pour leur lenteur et leur incapacité à produire des résultats contraignants. Ban Ki-moon, ancien Secrétaire général de l’ONU, a récemment appelé à une réforme des COPs pour les rendre plus efficaces et inclusives.
Parmi les points soulevés :
- La présence des lobbyistes fossiles : Perçue comme un frein aux avancées
- Le manque de représentation des pays du Sud : Pourtant les plus touchés par les changements climatiques
- La lenteur des processus : Incompatibles avec l’urgence climatique
L’accord sur la finance climatique obtenu à la COP29 a suscité une grande déception parmi les personnes participantes, y compris SOCODEVI tel que nous l’avons exprimé dans un communiqué de presse de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). Le débat sur l’équilibre entre dons et prêts a accentué le sentiment que les solutions proposées étaient insuffisantes et injustes.
« Le nouvel objectif de financement climatique (NOCQ), fixé à 300 milliards d’USD d’ici 2035, est largement insuffisant par rapport aux besoins des pays du Sud global, qui se chiffrent au minimum à 1 300 milliards de dollars par année. […] De plus, des pays se sont attaqués aux fragiles progrès qui ont été réalisés au cours des dernières années en matière de genre et de sortie des énergies fossiles. Ces tendances sont inquiétantes pour la suite des choses. » – AQOCI
La fin abrupte des négociations par la tactique d’ignorer les voix dissidentes dans la salle, tactique appelée gavelling, a laissé en suspens plusieurs enjeux cruciaux pour les pays du Sud, qui préféraient ne pas conclure d’entente plutôt que de conclure une mauvaise entente.
Une mobilisation mondiale plus inclusive et ambitieuse est donc nécessaire pour répondre à l’urgence climatique. Sur cette base, le Canada a reçu une vague de critiques en décembre puisque son nouvel objectif climatique (contributions déterminées au niveau national) est de réduire, d’ici 2035, de 45 à 50 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2005.