Au Mali, les données alarmantes sur la situation des violences basées sur le genre (VBG) demeurent toujours d’actualité et préoccupante. En 2023, près de 16 000 cas ont été documentés, soit 1 333 par mois, dont 96 % touchent les femmes et les filles.
Ces chiffres ne reflètent malheureusement qu’une partie de la réalité, car de nombreuses survivantes, par peur et par honte, ne se manifestent pas. Les violences prennent diverses formes, souvent exacerbées par des facteurs socio–économiques, culturels et l’accès limité aux services de protection. C’est notamment pour ces raisons que le problème est répandu particulièrement dans les milieux ruraux.
Construire des ponts…
Afin de pallier ce problème, le projet Dou Touloma a mené une campagne de formation et de sensibilisation sur les VBG et la coresponsabilité sur l’ensemble de ses zones d’interventions. Ce programme a facilité l’égalité des genres et le leadership des femmes et des filles dans les milieux ruraux, au Mali, par la promotion de la coresponsabilité des hommes et des garçons. La participation des hommes et des garçons aux actions de la promotion et la défense des droits des femmes et des filles a fait d’eux des alliés.
Tout d’abord, Dou Touloma a mis en place des comités égalité femme-homme (EFH) dans 56 villages de ses zones d’interventions et chaque comité est composé de dix hommes et deux femmes. Ces comités ont reçu des formations sur les VBG, la coresponsabilité, les droits de la personne et l’éducation des enfants. À la suite de cela, ils ont élaboré la stratégie et le plan de mise en œuvre afin de faciliter l’atteinte des objectifs. Pour la mise en œuvre, les comités EFH et les centres d’alphabétisations ont reçu une boite à images sur les VBG et la coresponsabilité. Il y a eu la diffusion de 12 épisodes d’un radioroman, du 1er juillet au 31 août dernier, auprès de neuf radios communautaires qui sont les plus écoutées des régions, ainsi que la présentation d’une pièce de théâtre-forum dans 25 villages sur les mêmes thèmes. Cette pièce a touché 6 236 personnes, soit 2 136 hommes et 4 100 femmes.
Toutes ces actions ont contribué au renforcement du bien-être des femmes et filles et la cohésion au sein des communautés.
À Banamba-Koulikoro
Les membres du comité EFG de la coopérative Faso Dèmè de Déni ont pris l’initiative d’apprendre aux jeunes femmes de la coopérative à conduire une moto. Cette décision a été prise lors d’une assemblée générale de la coopérative tenue chez le chef de village.
À travers ce qu’ils ont appris lors des séances de sensibilisation, ils se sont engagés à mener trois séances de conduite de moto par semaine avec les femmes de la coopérative. Parmi les neuf premières femmes qui se sont volontairement inscrites, six d’entre elles sont maintenant aptes à conduire une moto jusqu’au village voisin avec un passager. Lorsque des situations d’urgences se présenteront, ces femmes pourront conduire d’autres femmes ou des enfants au centre de santé.
À Dioila
« Avant je n’accordais pas d’importance aux avis de mes femmes concernant la gestion de la famille et l’éducation de mes enfants à cause des idées reçues. Je leur battais et insultais sans aucune raison. Grâce aux causeries-débats qui ont lieu lors des Champs-écoles SOCODEVI et au programme de formation et de sensibilisation sur les VGB et la coresponsabilité, j’ai changé mes comportements envers les membres de ma famille. De plus en plus, j’implique mes femmes dans les prises de décisions et cela a renforcé l’harmonie et la cohésion au sein de ma famille et nous sommes plus heureux. Je remercie le projet Dou Touloma! » – Sekou DIABATE, membre de la coopérative Benkadi de Kendia-Dioila
En conclusion, la coresponsabilité en milieu rural est essentielle pour promouvoir des relations harmonieuses, lutter contre les inégalités de genres et réduire les VBG. Dans les zones rurales, où les normes patriarcales et les rôles des genres traditionnels sont souvent plus enracinés, la coresponsabilité peut jouer un rôle clé en transformant les dynamiques sociales et familiales.
Le projet Dou Touloma est financé par AMC et mis en œuvre par l’Alliance agricole internationale, un consortium de trois organisations canadiennes composé de SOCODEVI, CECI et UPA DI.
Contenu rédigé par Habibatou SACKO, conseillère en communication, marketing et commercialisation des produits agricoles sur le projet Dou Touloma au Mali