Le Mois de l’histoire des Noirs-es : s’inspirer des valeurs coopératives pour l’autonomisation économique des peuples

Publié le :

24 février 2025

Publié dans :

Développement coopératif

Chaque année, en février, les gens de partout au Canada participent aux activités et aux célébrations du Mois de l’histoire des Noirs-es qui honorent l’héritage et les apports des personnes noires au Canada et de leurs communautés. Chez SOCODEVI, il est primordial de souligner cet événement afin de reconnaître et de célébrer les contributions et les luttes des communautés noires que nous appuyons partout dans le monde.  

 

Voici une réflexion rédigée par Frédérique Thomas, directrice pays au Sénégal pour SOCODEVI, qui met en lumière l’importance des valeurs coopératives, partagées par de nombreuses communautés africaines dans la lutte pour l’émancipation et l’autonomisation économique. 

 

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Le 19 juin 2024, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution proclamant 2025 Année internationale des coopératives et soulignant ainsi le rôle essentiel que jouent les coopératives dans le développement durable. 

 

Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs-es, se voulant une commémoration annuelle de l’histoire de la diaspora africaine, permettez-moi de faire un parallèle entre les valeurs ancestrales collectives et individuelles africaines et les valeurs coopératives. Ces valeurs, telles que la solidarité, l’entraide, le communautarisme, la responsabilité sociale, ou encore, le souci d’autrui façonnent les sociétés de plusieurs peuples noirs et doivent être un moteur d’influence pour nous toutes et tous.  

 

Ces valeurs font et doivent faire du modèle coopératif un instrument primordial pour l’émancipation et l’autonomisation économique des personnes qui sont le plus dans le besoin. En effet, cet alignement de valeurs est un terreau fertile pour lutter contre les inégalités, et ainsi, assurer un développement économique et social égalitaire, équitable et inclusif dans les pays dans lesquels SOCODEVI travaille, en Afrique et ailleurs dans le monde, et ce, sans laisser quiconque de côté. 

 

De nombreux gouvernements ont pris conscience de cette réalité. Présent depuis l’indépendance de plusieurs pays africains dans les années 1960, le mouvement coopératif a connu des hauts et des bas, marqués par un déclin relatif lors du retrait de plusieurs États dans les années 1980, avant de connaître un regain d’activité une décennie plus tard. 

 

Aujourd’hui, de nombreux gouvernements remettent ce modèle de l’avant. Toutefois, pour que ce projet de société soit couronné de succès, il est essentiel d’abord de susciter la motivation des individus à s’engager dans un projet collectif. Prenons le Sénégal en exemple. En 2024, le pays a voté pour le changement en créant un secrétariat d’État pour les coopératives menant à la publication d’une stratégie de développement économique basée sur la création et le développement de coopératives sur tout son territoire. 

 

J’espère que ce renouvellement d’intérêt pour les coopératives sera cette fois-ci le bon! L’économie sociale et solidaire doit enfin occuper la place qui lui revient dans l’économie de pays comme le Sénégal. Plusieurs exemples témoignent du potentiel de sa contribution à l’économie sénégalaise, comme la mutuelle d’épargne et de crédit de femmes de Kolda (MFK).

 

Fondée en 2001 pour faciliter l’accès des femmes au financement, cette institution financière célèbre aujourd’hui ses 24 ans. Grâce à l’accompagnement de SOCODEVI lors de son démarrage, elle répond, encore aujourd’hui, aux besoins de ses 5 000 membres. Ces femmes ont besoin de services financiers, mais elles ne sont pas intéressantes pour les banques commerciales, étant considérées comme « pas bancables » ou ayant des demandes de crédits trop petites. 

 

MFK permet donc de répondre à cette problématique en permettant à ses membres d’emprunter pour leurs petites activités commerciales, en vue d’une prochaine campagne agricole ou d’épargner pour les imprévus. Selon les plus récentes données obtenues, les dépôts cumulés au sein de MFK avoisinent les 500 000 $ et les crédits approchent les 550 000 $. 

 

Derrière ces chiffres impressionnants se cachent aussi les dirigeantes de cette institution. La présidente, notamment, joue un rôle primordial dans la coopérative et au sein de la communauté. Les femmes s’investissent comme mentors auprès des autres femmes membres de coopératives dans la région de Kolda et partagent les valeurs fondamentales du coopératisme avec le souci d’appuyer le développement durable et inclusif de leur région. En un quart de siècle, elles se sont transformées en agentes de changement, maîtresses de leur destinée.  

 

À l’occasion du Mois de l’Histoire des Noirs-es, je nous souhaite de nous inspirer des valeurs portées par l’approche coopérative que l’on retrouve aussi au sein des organisations sociales et économiques africaines, et qui a permis à de nombreux peuples noirs de surmonter les nombreuses difficultés auxquelles ils ont été confrontés et auxquelles ils font encore face aujourd’hui.  

 

Ces valeurs communes, véhiculées par SOCODEVI et le mouvement coopératif, sont importantes pour façonner un monde meilleur; un monde plus juste où chacun et chacune trouve sa place.  

 

Bon Mois de l’histoire des Noirs-es et bonne Année internationale des coopératives!