Deux ans après son lancement en 2022, le projet Initiative Femmes et Communautés Cacaoyères (IFCC), financé par Affaires mondiales Canada (AMC) ainsi que par des entreprises privées chocolatières et mis en œuvre par le consortium de SOCODEVI et de la Fondation Paul Gérin-Lajoie, montre déjà des résultats encourageants vers l’autonomisation des femmes et le renforcement des coopératives cacaoyères en Côte d’Ivoire. Le projet agit auprès de 62 communautés dans neuf régions différentes du pays.
En ayant comme objectif principal d’améliorer les conditions de vie de plus de 5 000 femmes et adolescentes dans les communautés rurales cacaoyères, le projet avance, entre autres, dans ces quatre domaines clés :
1. Le renforcement des capacités des coopératives
La Fédération nationale des femmes productrices de café-cacao de Côte d’Ivoire (FNFPCC-CI) ainsi que les 30 coopératives du projet, ont bénéficié de diagnostics approfondis qui ont été suivis par la mise en place de plans d’accompagnement afin de soutenir leur développement. À ce jour, les formations et l’accompagnement ont touché près de 500 dirigeants et dirigeantes et employé-es des coopératives. Les formations ont renforcé les compétences en gestion coopérative, tandis que l’appui conseil a introduit des outils de gestion comme le plan de travail annuel et le plan de campagne budgétisé. Ces outils permettent de contrôler les écarts entre les prévisions et les résultats réels des collectes de fèves de cacao, aidant ainsi les coopératives et la Fédération à mieux planifier leurs activités et à suivre leurs résultats financiers.
Photo : Atelier de formation des femmes de la FNFPCC-CI
Les personnes productrices membres des coopératives avouent que c’est la première fois qu’elles reçoivent une formation en éducation coopérative et elles comprennent désormais mieux la valeur ajoutée qu’être membre d’une coopérative apporte à leurs activités. Quant aux femmes de la Fédération, elles se sentent privilégiées de recevoir ces formations, car elles sont mieux outillées pour appuyer les coopératives et comprennent de manière tangible le rôle majeur qu’elles doivent jouer en tant que fédération dans la culture du cacao.
2. L’autonomisation des femmes et des jeunes filles
Un programme de formation en éducation financière a été transmis aux femmes et jeunes filles provenant des communautés cacaoyères organisées en AVEC (Associations de Valorisation de l’Entraide Communautaire) dans les zones d’intervention du projet. À travers l’amélioration de leurs capacités de gestion, ce programme vise, à terme, à favoriser l’accès aux ressources pour les femmes et les jeunes filles. Mme Kohou Chia Françoise, commerçante et membre d’une AVEC à Adzopé en Côte d’Ivoire, nous a révélé qu’« Aujourd’hui, grâce aux crédits que j’ai pris dans l’AVEC, j’ai pu acheter plus de marchandises et je suis en train de construire un beau petit magasin pour disposer la marchandise. »
Photo : Mme Kohou, membre de l’AVEC du village d’Ananguié
Ce programme a permis à 622 femmes et jeunes filles de développer leurs compétences en gestion financière. Grâce à ces formations, de nombreuses participantes ont commencé à utiliser des outils comme les registres de caisse pour mieux gérer leurs activités génératrices de revenus (AGR). Elles sont désormais capables de calculer leurs coûts de production, établir des budgets et élaborer des plans d’affaires. Une seconde cohorte composée de plus de 600 personnes a démarré afin de faire participer un plus grand nombre de personnes.
3. L’alphabétisation transformatrice et inclusive
Le projet IFCC, qui a déjà ouvert 72 centres d’alphabétisation dans 62 communautés de neuf régions de la Côte d’Ivoire, permet à plus de 2 000 personnes, dont 166 jeunes filles, 1 770 femmes et 212 hommes, d’acquérir des compétences de base en lecture, en écriture et en calcul. Chaque personne apprenante a reçu des syllabaires, des calculaires (manuels d’apprentissage du calcul) et des kits d’alphabétisation pour suivre un parcours scolaire de dix mois. Ces efforts se concentrent sur l’alphabétisation fonctionnelle, un programme qui aide les participant-es à mieux gérer leur vie quotidienne et professionnelle. À ce jour, plusieurs femmes peuvent désormais bien lire et commencent peu à peu à écrire.
Photo : Les apprenantes du village de Kirifi
C’est avec beaucoup d’émotions que Mme Aka Clarisse nous a partagé que « Mon rêve est enfin devenu réalité! Depuis mon enfance, je rêvais de savoir lire et écrire. Aujourd’hui, à plus de 40 ans, je peux enfin écrire mon nom au complet et lire les instructions dans les lieux publics. Lorsque je me rends à l’hôpital, je suis désormais capable de lire ma propre ordonnance. »
Le projet IFCC ne se contente pas d’enseigner la lecture et l’écriture traditionnelle. Le projet a récemment franchi un cap en lançant une phase pilote d’alphabétisation numérique dans quatre communautés. En août dernier, 125 apprenant-es ont reçu des téléphones intelligents équipés d’une application spécialement conçue pour faciliter l’apprentissage. Grâce à ces outils, les participant-es peuvent accéder à des manuels numérisés et s’exercer à leur propre rythme. Ces applications rendent l’apprentissage non seulement plus accessible, mais aussi plus engageant et interactif.
Ce virage vers le numérique est une avancée considérable pour ces communautés où l’accès aux ressources éducatives est souvent limité. L’idée est simple, mais prometteuse : donner aux apprenant-es des outils qui les rendent plus autonomes, leur permettant de renforcer leurs compétences, à tout moment et du bout des doigts!
4. Des espaces sûrs pour les jeunes filles
Dans les 62 communautés cacaoyères touchées par le projet, des espaces sûrs ont été spécialement créés pour les jeunes filles, leur offrant un cadre d’échange sur des sujets essentiels comme l’estime de soi et la santé reproductive. Ces espaces ont un objectif clair : fournir un environnement accueillant et sécurisé où les filles, adolescentes et femmes peuvent discuter de questions souvent sensibles, tout en recevant des formations sur la santé reproductive, les compétences de vie et les droits de la personne.
Ces lieux jouent un rôle crucial en tant que plateforme de sensibilisation et de soutien, permettant aux participantes d’acquérir des connaissances précieuses, tout en créant des liens vers des services essentiels dont elles pourraient avoir besoin, tant dans leurs communautés qu’au-delà de celles-ci. Ces espaces deviennent ainsi des leviers pour autonomiser les filles et les femmes, en leur donnant les outils nécessaires pour mieux gérer leur santé et défendre leurs droits.
L’impact de ces initiatives est renforcé par la présence de 68 femmes mentores, formées aux compétences de vie et aux droits des jeunes filles, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) et de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Face à l’engouement des jeunes filles, les sessions initialement prévues toutes les deux semaines ont été multipliées à trois séances par semaine dans les communautés de Pierrekro, Koffikouamekro et Pogréagui. Sur une période de moins de six mois, 732 séances ont déjà été réalisées dans les 68 espaces sûrs, témoignant de l’ampleur de la demande et de leur impact positif.
Photo : Des jeunes femmes de l’espace sûr du village de Kirifi
En conclusion, le projet IFCC, à travers ses différentes interventions, démontre qu’il est possible de bâtir des communautés plus fortes et résilientes, en offrant aux femmes et aux jeunes filles les outils nécessaires pour prendre en main leur avenir. En renforçant les coopératives, ce projet contribue à un développement durable et inclusif. Ces actions, portées par un engagement collectif, permettront aux communautés cacaoyères de prospérer à long terme tout en améliorant les conditions de vie des populations de manière durable.