SOCODEVI revient au Maroc avec un nouveau projet de cinq ans qui permettra d’améliorer les conditions de vie d’au moins 10 000 personnes issues des communautés berbères. Ces populations, isolées entre des forêts montagneuses de cèdres et d’immenses steppes naturelles de romarin, gagnent leur vie en exploitant les ressources agroforestières.
« Dans cette zone du pays, les femmes cueillent déjà le romarin, mais elles ne sont pas membres des coopératives. Elles donnent leur récolte à leur mari et c’est lui qui se fait payer par la coopérative, raconte notre chargé de programmes Richard Trudel, qui s’est rendu dans la région à quelques reprises. On veut que les femmes deviennent membres puis dirigeantes des coopératives ! »
Le projet Autonomisation des femmes à travers le développement des coopératives forestières de cèdre et de romarin au Maroc (COOPFAM) vise aussi à améliorer les performances de dix coopératives forestières de travail pour la création, puis le maintien, de 2000 emplois décents (1 000 pour les femmes) et ce, grâce à l’aménagement durable ainsi qu’à la transformation du romarin et du cèdre.
Une approche multidimensionelle
Le COOPFAM, financé par Affaires mondiales Canada, sera mené en partenariat avec le Département des Eaux et Forêts du Maroc. Il aidera des coopératives qui œuvrent dans le bois de cèdre et le romarin à adopter de saines pratiques de gestion, d’intégration économique des femmes et d’exploitation durable des ressources naturelles.
Différents programmes seront aussi mis en œuvre pour sensibiliser les populations à l’importance et aux avantages des relations égalitaires au sein des ménages, à l’alphabétisation, au leadership et à la gestion administrative faite par des femmes.
Sur le plan économique, Richard Trudel assure qu’il y a un grand potentiel pour l’obtention de certifications biologiques du romarin. « Ce sont des nappes naturelles de milliers d’hectares, dit-il. Il y a la possibilité de transformer le romarin en huile essentielle. Certaines coopératives sont déjà munies d’installations pour faire la distillation, mais elles sont sous-utilisées. Pour le bois de cèdre, ce sera aussi d’appuyer l’aménagement durable pour favoriser la régénération naturelle. »
Bâtir sur les valeurs coopératives
L’idée de former des coopératives dans la région est venue de l’État, qui possède les terres, dans le but d’assurer la durabilité des ressources et d’encadrer la récolte. « Ces nappes de romarin ne doivent pas disparaître, parce que sinon, c’est la désertification », ajoute Richard Trudel.
Notre conseillère en environnement, Mylène Savard, rappelle que l’entreprise coopérative doit travailler à offrir aux membres des services qui leur permettent de gérer sainement les ressources naturelles et de minimiser leur empreinte écologique. « Heureusement, la coopérative est un vecteur qui nous permet d’atteindre un grand nombre de personnes et de renforcer la formation en environnement des membres et des administrateurs. »
Pour assurer le partage des valeurs coopératives, des centaines de personnes, élus, gestionnaires et dirigeants des coopératives, recevront aussi des formations à l’aide de l’Approche PerformCoop.
Des tables de concertation provinciales, regroupant les coopératives, les communes, le Département des Eaux et Forêts ainsi que des entreprises privées, permettront de consolider les efforts déployés. Des formations pour le soutien à la compétitivité et au développement économique durable et inclusif des coopératives forestières de travail seront aussi offertes à des employés clés de l’État.